HISTOIRE DE LA MEDECINE ESTHETIQUE
"Une Histoire de la Médecine Morphologique et Anti-âge"
Des papyrus d’Ebers aux lasers, comblements et toxine botulique
Dr Isabelle PAUL-GUENOUN © 2008

   2.3    LA  GRECE

Médecins  philosophes, Hippocrate,Harmonie des corps

2.3.1 SOURCES  DE DOCUMENTS :

Pléthorique : littérature, bas reliefs…

 2.3.2 LA MEDECINE ET LA PHILOSOPHIE : Médecins philosophes


    En la dissociant de la magie, les savants de l'Antiquité grecque sont les fondateurs de la médecine occidentale. Les précurseurs sont Pythagore, au VI siècle qui étudiait l’eau, l’air et le feu présents dans le corps humain, puis Thalès de Milet, Empédocle d'Agrigente ou encore Démocrite en 400 av JC qui entreprend un classement des médicaments et prône la qualité de vie par un bon usage des plaisirs. Bien que plus connus aujourd'hui pour leurs écrits en mathématiques ou en philosophie ils exercèrent également la profession de médecin.


          2.3.2.1   Avant Hippocrate,

    Les grecs avaient de nombreux dieux guérisseurs Zeus, Apollon "qui peut décimer" (Il lance des flèches de peste sur Troie) et guérir. Puis Chiron, demi dieu, qui enseigne la médecine (c’est lui qui soigne la cheville d’Achille en prélèvant un os sur le squelette d’un géant). Et, enfin  Esculape (Asclépios) descendant d’Apollon qui aurait des pouvoirs de guérison et ses deux filles :
Hygée et Panacée.
   Hygée, d'où vient le mot hygiène, symbolise le pôle préventif qui enseigne les manières de vivre sainement et Panacée, mot grec signifiant  « qui guérit tout » ou médicament, symbolise la médecine curative. Prévention et traitement, préparation ou réparation, les deux tendances entre lesquelles la médecine oscille encore en Occident

   De manière schématique on attribue à Socrate la philosophie, et à Hippocrate l’origine de la médecine moderne  au Ve siècle av. J.-C."
    Hippocrate est reconnu comme le premier médecin à avoir rejeté les superstitions et les croyances qui attribuaient la cause des maladies à des forces surnaturelles ou divines Les Grecs du Ve siècle av. J.-C. Platon développe la réflexion, le discours, le raisonnement, mais ne sont pas des scientifiques.

8-  Asclépios  représenté sur les bas reliefs des temples grecs effectuant une réduction de la charnière cervico-dorsale

 

      2.3.2.3 HIPPOCRATE   naissance de la  médecine moderne                                             

     HIPPOCRATE Né en -460 av JC à Larissa, en Thessalie, fils de médecin,  voyagea beaucoup et se fixa à l’île de Cos et développa la première écoles de médecine. Edictant des règles médicales et des bonnes pratiques, le  premier lieu de consultations  était sous le célèbre platane. Il reprend les théories de ses prédécesseurs en s’inspirant de la médecine de Mésopotamie et des papyrus égyptiens, et aurait été disciple d’Esculape.
    Hippocrate pose les principes d’observation de la maladie et de raisonnement à partir de l’expérience, dans une logique descriptive, démarche déjà scientifique. Le feu, la terre et l’air, font place au chaud, au froid, au sec, à l’humide, la pâleur, la rougeur. Son système repose sur l’altération des 4  humeurs de l’organisme. Le sang, la lymphe (phlegme), la bile jaune et l’atrabile,(la bile noire). Pour Hippocrate, la santé et la maladie sont matière à penser, à interpréter et raisonner, mais il reste plus dans le domaine de la philosophie que de la science. Hippocrate, contemporain de Platon est un mauvais anatomiste, le cœur est le siège de la circulation, mais la physiologie est fausse : " le cerveau est le siège de l'intelligence parce que la tête est sphérique…" 0ll est traditionnellement reconnu comme l'auteur du serment qui porte son nom, premier texte d’organisation d’une profession de santé, et son œuvre "le Corpus d’Hippocratum" est au programme des études de médecine jusqu'au XVIIIe siècle

Sa médecine se répand rapidement, Aristote s’en fera un relais avec Alexandre comme élève ce qui favorisera une politique libérale autorisant la pratique de la dissection du corps humain c’est la naissance de l’anatomie. La pharmacopée s’enrichie dans son traité "De materia medica", Dioscoride recensait 944 remèdes (dont 609 végétaux) aux vertus diététiques, médicales ou magiques
C’est aussi  le précurseur de la diététique. La phrase que l’alimentation soit ta première médecine est encore reprise aujourd’hui, la dissection des défunts est interdite, les observations se font sur les animaux.
9-  Hippocrate :  Sur le fronton, on peut lire les premiers mots de cet aphorisme d'Hippocrate:  «La vie est courte, l'art est long, l'occasion fugitive, l'expérience trompeuse, le jugement difficile »

   2.3.2.3        Les premières écoles, ses successeurs

  Il se crée le Musée (=centre de recherche) et la bibliothèque,puis deux écoles célèbres :.
   -l’école de Cnide  avec Hérophile (340 av. J.-C.)  qui  décrit de nombreuses structures : le cerveau, les méninges, les sinus veineux de la base du crâne, lrs nerfs crâniens, et va énoncer deux principes de la dermatologie , la reconnaissance morphologique des lésions et leur recherche étiopathogénique, ( mais celles-ci restaient dus a des perturbation des humeurs ou expulsion de substance morbifique  )   -L’école de Cos avec Érasistrate (320 av. J.-C.)   qui va  pratiquer environ 600 dissections il décrit les valvules cardiaques du cœur, il distingue les nerfs moteurs des nerfs sensitifs et suppose que l'intelligence est proportionnelle au nombre de circonvolutions cérébrales.
  L’école d’ALexandrie ,En 320 av. J.-C. l'école d'Alexandrie produit des enseignements considérables en anatomiomie humaine,en Égypte la momification avait habitué à la manipulation des cadavres, l’ anatomie et la physiologie firent de grands progrès les Ptolémées attirent les médecins. Ces enseignements sont malheureusement ignorés pendant des siècles par les médecins qui ont préféré se baser sur les extrapolations des dissections d'animaux d'Aristote. Les Grecs ont transmis leur art dans l'empire romain.
  Mais l'incendie de la bibliothèque d'Alexandrie (en 47 av. J.-C.) et la conquête romaine de l'Égypte entraînent un déclin des recherches anatomiques.

 2.3.3 UN NOUVEAU CONCEPT PHILOSOPHIQUE DE L’ENTRETIEN DE LA BEAUTE

 Beauté, Santé, Harmonie des corps

    2.3.3.1 L’entretien par l’exercice physique, le sport, les massages

 La beauté réside dans l’ harmonie du corps, et non dans un artifice, seul l’exercice physique peut permettre le corps adéquat. L'âme et le corps sont encore, dans la pensée grecque ancienne, indissociés: la force et la beauté qu'acquiert l'athlète par la gymnastique participent autant que la bonté ou la qualité de l'âme à l'atteinte de l'aretè, idéal aristocratique qui constitue le fondement de la paideia, la formation de l'homme grec inspirée des valeurs chevaleresques de l'antique aristocratie.  Chez l'athlète, l'idéal humain s'accomplit lorsque celui-ci «trouve l'harmonie corporelle qui exprime en l'âme de l'homme celle du Cosmos
 Chez le philosophe, ce même idéal se réalise lorsque "maître de son corps, il médite dans la joie".
 Pour Platon, ce n'est pas faire honneur au corps que de le cultiver pour lui-même, en développant sa beauté, sa force ou son agilité. C’est parce que "le rapport de ce corps à son âme reproduit le rapport du Corps du Monde à l'Âme du monde" que l'homme doit en prendre soin. Il faut recourir au concept de kalos kai agathos  en grec, pour saisir ce rapport intime. Kalos kai agathos signifie, quel que soit le contexte, beauté ou bonté, «le fait d'être un homme bel et bon». Il y avait là anciennement un aspect moral, et c'est "dans et par le sport qu'il se réalise". Le kalos kai agathos, c'est avant tout le sportif. Et autant que le caractère, ce que cette éducation vise à former, c'est le corps(15).
spacer Le mot massage vient du grec massein, de l’hébreu mashesh et de l’arabe mass qui veulent dire pétrir, palper, presser. Le toucher est la forme la plus ancienne de thérapie; il était prodigué à toutes les personnes de la société, du patricien à l’esclave, sous la base de frictions avec des huiles.
  L’Hippocrate, le recommandait souvent à ses malades, détendre après les bains, assouplir les tissus, accélérer la convalescence et préparer des lutteurs, telles en étaient ses fonctions
  L’idéal féminin est aussi très naturel, mais les femmes se peignaient les lèvres avec de la terre rouge, s’appliquaient du safran sur les paupières et du noir de fumées sur les cils et les sourcils; de la stibine (sulfure d’antimoine) sur les cils.
  On ne séparait pas la médecine de la cosmétique, Hippocrate lui même est à l’origine de nombreuses formules

       2.3.3.2 Les soins dépilatoires étendus à toutes les couches de la société

 Aux environs de (5 av JC) on observe une extension progressive de l’épilation à toute les couches de la population, elle va de soit pour entretenir une apparence saine mais esthétique : les barbiers de la Grèce antique, en corporations, pratiquent aussi bien pour les classes sociales élevées que pour les esclaves, dans leurs échoppes et à domicile.
  Danielle  Gourevitch qui a beaucoup écrit sur cette période professeur à l’Université de Paris X, relate de nombreuses méthodes d’épilation pour les jeunes grecs pubères à l’âge de l’homosexualité éducative passive car l’apparition de la barbe au menton et des poils pubiens était la preuve irréfutable que le jeune homme n’était plus un enfant et ne devaient plus recevoir les caresses de son amant(16). Par la suite à Rome, ces pratiques furent jugées scandaleuses, elles seront relatées  par Pline pour les esclaves.

2.3.4 REPERES
 Vénus de Milo                                                                       

10-  Vénus de Milo, 130-90 AV-JC                                          11-  L'éphèbe de Marathon

     Musée du Louvre                                                Musée national archéologique  d’Athènes